« MEMENTO (Je me souviens) »
« MEMENTO (Je me souviens) » naît d’une émission de radio où un expert évoque la capacité du cerveau à intégrer comme réels des faits qui ne le sont pas, ajoutant que l’image est le meilleur média pour fixer la mémoire. Pour moi, c’est le déclic. Développé pour une résidence d’artiste de 4 mois sur les villes de Montfermeil et Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), ce projet photo-mémoriel crée une iconographie factice, des images réelles pour des souvenirs faux mais devenus plausibles.
De septembre à décembre 2015, j’échange avec les habitants au cours d’ateliers organisés au sein de différentes associations : foyers pour jeunes, centres de loisirs, accueil des travailleurs immigrés. Je leur propose d’imaginer des souvenirs à fabriquer ensemble. Ensuite, trouver les lieux, les décors, les costumes, et laisser la réalité se construire devant et derrière l’objectif. Il peut s’agir de mettre en scène un événement fictif, ou de recréer un moment réel pour lequel les personnes concernées n’ont pas de traces photographiques. Les participants se métamorphosent devant l’objectif, incarnant les souvenirs, les leurs mais aussi ceux des autres… la solennité et l’émotion d’un mariage, le sérieux de la posture d’un élu du peuple ou d’un représentant des forces de l’ordre, la gravité de soldats rentrant du front, et le naturel complice d’une famille composée pour l’occasion de personnes n’ayant entre elles aucun lien de langue, de culture ou d’origine.
Pour cette série sur les faux souvenirs, j’ai dû quitter l’habitude du cliché parfait afin de créer des fausses photos ordinaires : la fausse photo de famille avec son cadrage approximatif, la fausse photo de presse et son côté ‘‘plat’’, respecter les stéréotypes de certains moments comme les photos de mariage. Bref j’ai dû abandonner la recherche des meilleurs réglages pour réussir à produire du faux banal.